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Tour randonnée/via ferrata/bivouac : le briançonnais Flux RSS



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Contrairement private_message smile Posté le 28-06-2022 à 19:41     Sujet: Tour randonnée/via ferrata/bivouac : le briançonnais
Hola ! Je vous partage un petit tour que j’ai réalisé récemment et que j’ai trouvé particulièrement sympa, surtout en raison des chemins empruntés pour joindre les différentes via ferrata.

L’idée était de faire le tour à pied des via ferrata du briançonnais, seul, en partant de Briançon et en bivouaquant. Pour concevoir le tour j’ai utilisé l’application Komoot. C’est une des rares cartes où les tracés (plutôt précis, d’ailleurs) des via ferrata apparaissent. En gros, on met des points de passage et l’application définit un itinéraire, selon le sport qu’on pratique (vélo, randonnée, randonnée alpine, course, etc.). Comme je tenais vraiment à emprunter les chemins les plus sauvages possibles, les plus pittoresques, j’ai paramétré en randonnée alpine.

Ça m’a donné ce tour, que j’avais l’ambition de réaliser :
https://drive.google.com/file/d/1hS7TOlbva12jvg3VigXeh0Gi7FoYch1b/view?usp=sharing

On peut l’importer dans Géoportail ou Google earth (le dénivelé sera plus précis que sur Komoot), ou autres.



Il y a donc, dans l’ordre, avec 110 km et 5 800m de dénivelé positif :
La schappe, La Croix de Toulouse, Le Rocher du Bez (x3), le Rocher Blanc (x2), le Rocher de l’Yret, les Gorges d’Ailefroide, le Sentier de la Combes, le Tournoux, Les Vigneaux (x2), les Gorges de la Durance, l’Horloge, et Freissinières.

Là où le projet est assez marrant, c’est que j’ai fait qu’une seule fois de la via ferrata dans ma vie, encadré par un pro, quand j’avais 15 ans (j’en ai 30 à présent), que j’ai jamais vraiment bivouaqué, et que j’ai jamais fait non plus de longue randonnée (et encore moins en montagne). Je suis relativement sportif, je sais que je marche bien, que je me débrouille en acrobranche, je peux faire une dizaine de tractions en pronation, mais je débutais littéralement en tout, donc y’avait un peu d’audace dans le projet. J’ai donc acheté tout le matos (tente, sac, réchaud, baudrier, casque, sac de couchage, repas lyophilisés de merde), une fortune, et zou !

Jour 1 : La Schappe et la Croix de Toulouse

J’ai débarqué en bus (le LER35 depuis Grenoble) Place de l’Europe à Briançon à 14h30, après 20 heures de voyage depuis Reims pendant lesquelles je n’ai pas vraiment dormi. De là, direction le Parc de la Schappe, à quelques minutes à pied, par de petites rues parfaitement charmantes. J’ai beaucoup apprécié ce parc qui est franchement très joli, avec ses quelques sculptures, son lac, et ses multiples parcours d’acrobranche. C’est un endroit que j’aurais adoré étant gosse. Malheureusement, la via ferrata était fermée, et l’accès était bloqué par une porte. J’aurais pu passer par-dessus, mais étant quand même en plein cœur d’une ville, je me voyais mal commencer mon périple par une forfaiture, et surtout pas pour une via ferrata que je savais un peu nulle.
Un chemin assez abrupt mais charmant mène du parc de la Schappe au pied de la cité Vauban, direction la via de la Croix de Toulouse. Après être passé par de minuscules chemins entre les maisons, que seuls les gosses du quartier doivent connaître, je me retrouve au pied de la via de la Croix de Toulouse.

Evidemment, j’étais pas assez fou pour tenter ma première via avec un sac de plus de 15 kilos sur le dos. J’avais prévu de cacher mon gros sac dans la nature, et de prendre un petit sac pour la via et le chemin du retour. C’est ce que j’ai fait, en prenant soin de mettre une feuille sur le sac caché, avec inscrit dessus « Ce sac n’est pas abandonné. N’y touche pas, je te vois [cible de sniper] », au cas où. Finalement, c’était une précaution assez vaine, car pendant toute ma randonnée j’ai croisé assez peu de monde.

Au pied de la via, j’ai rencontré un petit groupe qui ne savait pas très bien où était le chemin d’accès. J’ai pu les renseigner. Je les ai laissé passer devant, et ils auront eu la gentillesse de vérifier, une fois parvenus au sommet, que j’étais bien toujours vivant derrière eux. Il faut dire qu’ils sont allés particulièrement vite, et que de mon côté je ne tenais pas à me presser ni à être en groupe.

Au début je voulais jouer les puristes en ne touchant jamais à la ligne de vie, mais j’ai vite ravalé mes ambitions. Il y a deux passages sur la via de la Croix de Toulouse qui m’ont semblé difficiles à réaliser sans l’assistance du câble. J’ai trouvé la roche particulièrement glissante (les barreaux aussi !) et sans prise à certains endroits, ou en tout cas sans prise évidente pour quelqu’un qui n’est pas initié à l’escalade. A ce propos, je me demande comment fonctionnent les notations : c’est avec ou sans ligne de vie ? Pour ma part, j’ai l’impression que je peux faire toutes les via relativement facilement si j’ai le droit de m’aider de la ligne de vie, mais que sans elle, même une via facile comme la Croix de Toulouse pourrait me bloquer ou me faire chuter.

J’étais globalement à l’aise sur la via, mais pas totalement non plus. Disons que j’étais pas dans ma zone de confort, et que j’avais un peu peur, là, tout seul sur la montagne. D’autant plus que le ciel s’est assombri, que le vent s’est mis à souffler fort, et que l’orage grondait à quelques kilomètres. Finalement, à part quelques gouttes de pluie, il n’y a rien eu. J’étais quand même un peu soulagé de terminer la via, même si dans l’ensemble je l’ai trouvée sans difficulté.

J’ai donc récupéré mon sac qui n’avait pas bougé, j’ai rempli mes bouteilles d’eau au cimetière, et j’ai poursuivi mon chemin. En l’occurrence, il s’agissait de suivre un petit chemin qui longe un petit canal ombragé par une petite forêt (oui, tout est petit), légèrement sur les hauteurs : le chemin du canal Gaillard. Je me suis arrêté vers 19h30 le long de ce chemin, entre Briançon et St Chaffrey, et j’ai monté ma tente pour la première fois. J’étais un peu mal à l’aise, parce que j’étais juste derrière un bâtiment, qui s’est révélé être un centre de rééducation physique. C’est ce soir-là que je me suis rendu compte que j’avais laissé ma brosse à dents à Reims.

Jour 2 : Le Rocher du Bez

Le lendemain matin j’ai remballé mes affaires devant les résidents du centre de rééducation qui faisaient leur exercice matinal de marche. J’ai quitté le canal Gaillard pour traverser le petit village de St Jaffrey, où j’ai pu me ravitailler en eau. Je me suis retrouvé de l’autre côté de la vallée, où passe une rivière. J’ai pu y faire ma première lessive. Le chemin qui va de St Jaffrey au village du Bez suit lui aussi en partie un canal forestier sur les ‘’hauteurs’’. Je l’ai quitté plusieurs fois pour chercher une brosse à dent, mais en juin c’est des villes fantômes, tout est fermé et laid. C’est d’ailleurs une laideur tentaculaire, puisqu’elle se répa nd dans la montagne à travers les multiples remontées mécaniques.

Après d’innombrables détours en pure perte pour trouver une brosse à dent, j’ai fait les trois via ferrata du Rocher du Bez. Ca grouillait de jeunes UCPA sur place, mais seulement sur l’une des trois via, la plus facile et la plus récente. Je me suis retrouvé pris en sandwich entre deux groupes, la montée a été interminable, mais j’étais pas pressé. Sur les deux autres via, qui partent plus ou moins du même endroit, j’étais seul.

La première, celle de droite, qui est indiquée clairement par un panneau, était très sympathique, notamment avec son passage dans une faille qui sent bon la grotte. Arrivé en haut, il y a un câble qui mène vers la sortie, et un autre qui descend. Je me suis demandé si c’était pas le début de la variante, donc je me suis engagé sur quelques ancrages, avant de réaliser que c’était probablement juste la sortie de la variante.
En effet, la voie de gauche, quoique parfaitement praticable, n’est pas indiquée : il faut aller dans le sens opposé quand on tombe sur la flèche « départ via » pour la trouver. Je l’ai trouvée sympathique aussi, du même acabit que sa sœur, avec le passage ‘’grotte’’ en moins.

Comme j’avais encore l’espoir de trouver une épicerie ouverte le lendemain, j’ai décidé de ne pas m’engager dans le reste du parcours et de rester vers La Salle les Alpes pour la nuit. Après m’être lavé dans la rivière, j’ai planté ma tente au fond du jardin d’un chalet de vacances inhabité, sans doute la résidence tertiaire d’un nanti parisien. Même si je me suis brossé les dents avec le doigt, j’ai passé une très bonne nuit.

Jour 3 : Le Rocher Blanc (facile)

Après avoir vérifié que tout était bien fermé, j’ai entamé une longue montée de 1000m de dénivelé pour rejoindre le Rocher Blanc en altitude. Ca a été assurément le plus gros effort de tout le parcours, avec une chaleur écrasante. J’ai commencé à boire l’eau des rivières, sans la désinfecter. La première partie de la montée, forestière, m’a beaucoup plu. La deuxième, plus dégarnie, un peu moins. J’ai clairement pris un coup sur le cocotier avec ce soleil et ces efforts. Et puis ces grandes pistes de ski, avec les chemins qui serpentent dessus, je trouve ça un peu moche. C’est aussi pendant cette seconde partie de la montée, la plus dure, que sont apparus les nuages de mouches (et une odeur un peu désagréable que j’assimile aux mouches, mais qui vient probablement d’une plante).

Une fois arrivé bien déglingué au col, j’ai pu m’attaquer à la voie facile de la via du Rocher Blanc. Une belle ascension qui m’a fait plaisir. On peut pas dire que j’ai galéré à trouver la descente, mais un petit panneau n’aurait pas été de refus. Cette absence de clarté, c’est vraiment un coup à s’engager sur ce qu’on croit être un chemin mais qui n’en est pas un.

Comme j’étais un peu sonné par ma journée, j’ai décidé de remettre à demain la voie sportive. J’ai cru bon de planter ma tente à l’endroit où ça soufflait le plus, parce que le panorama me plaisait, et que le vent chassait les mouches. Finalement, à 22h, alors que le soleil avait déjà disparu et que ma tente faisait des bruits peu rassurants à cause du vent, j’ai décidé de dévaler la colline avec ma tente à la main (y’avait bien 50m de dénivelé !) pour trouver un endroit plus accueillant. Au final, ce qui semblait être une verte prairie n’était qu’un terrain ultra humide et spongieux, avec des mouches en veux-tu en voilà, survoltées. Même si j’avais eu une brosse à dent, je serais pas sorti de la tente pour cracher.


(c'est sur l'herbe verte en contre-bas que j'ai finalement installé la tente ; on ne voit pas les mouches, mais elles sont bien là, féroces)

Jour 4 : Rocher Blanc (sportive) et Rocher de l’Yret

J’ai été réveillé vers 5h30 par tout un tas de mouches et de guêpes coincées entre la toile extérieure de la tente et la moustiquaire. Je me suis dépêché de remballer ma tente sous les assauts des mouches. De si bon matin, être harcelé comme ça, c’est dur, j’ai commencé à vriller psychologiquement. Je courais pour les semer, mais elles revenaient toujours, plus nombreuses à chaque fois, et toujours plus méchantes. C’est tolérable en marchant, mais à l’arrêt, c’est un enfer. Je me suis donc dépêché d’aller faire la variante difficile du Rocher Blanc, sans avoir beaucoup dormi, sans avoir mangé, avec seulement 250ml d’eau, et encore explosé par l’insolation de la veille.

Dans ces conditions, j’avoue avoir eu un peu de mal. Je me suis pas mal reposé sur la via, alors qu’elle est plutôt courte. Sur l’ensemble du parcours, c’est de loin celle qui m’a posé le plus de difficulté, mais c’était probablement plus lié à mon état qu’à sa difficulté intrinsèque.

J’ai très vite quitté les lieux avec mon cortège de mouches, direction le rocher de l’Yret, en commençant à fantasmer sur le prochain point d’eau (j’étais totalement à sec). Après une petite heure de marche en altitude, j’ai rencontré un névé qui commençait à fondre et duquel sortait une minuscule rivière. Ca a été un bonheur incroyable de boire les premières gorgées.

Au pied du col de la Pisse, j’ai rencontré toute une procession de gens qui faisaient un trail. On s’est échangés nos diptères, c’était sympa. Parfois on a de la chance, on croise un plus crasseux, un plus puant que soi et on se déleste de quelques mouches ; mais le plus souvent, cradingue comme j’étais, c’est moi qui récupérais celles des autres. On s’est pas mal moqué de moi, parce qu’avant d’attaquer l’ascension du col on m’a vu prendre 3 litres d’eau à une source. Rétrospectivement, c’était une excellente décision : il était 10h, et je ne rencontrerai pas une seule goutte avant le soir.

Concernant la via du rocher de l’Yret, les indications sur place sont sommaires. Je me suis engagé sur un chemin d’approche extrêmement pentu (il faut grimper à quatre pattes), pour me rendre compte ensuite qu’il en existait un beaucoup plus praticable un peu plus loin… J’ai adoré cette via ferrata parce qu’elle est plutôt longue (2 à 3 heures), il y a beaucoup de contacts avec la roche, et le sommet à gravir est imposant. A un moment, il y a une boucle qui mène au sommet, et un chemin qui redescend. On se retrouve donc à un carrefour, sans aucune indication… J’ai pris le bon itinéraire, mais quand même, un petit panneau n’aurait pas été de trop. La seule chose qui a gâté un peu mon ascension, c’est que j’étais pris en sandwich entre deux orages qui faisaient boum boum juste à côté. Mais une fois de plus, j’ai été chanceux, je suis redescendu à temps.

J’ai alors entamé une longue descente vers la vallée de Vallouise et les Gorges d’ailefroide. J’ai planté ma tente le long du torrent de l’Eychauda, toujours assez loin de la civilisation et d’une brosse à dent.

Jour 5 : Les Gorges d’Ailefroide et le Sentier de la Combe

Cette journée commence assez mal, parce qu’on est dimanche et je m’attends à ce que tout soit fermé dans les villages que je vais traverser, comme c’était le cas dans la vallée de La Salle les Alpes. J’ai plus aucune nourriture à part mes repas lyophilisés, plus de batterie, et surtout plus de cigarettes (et toujours pas de brosse à dent). Je commence à songer à mettre un terme à mon parcours.

Je poursuis donc ma descente vers les Gorges d’Ailefroide. A un moment, je devais prendre un petit chemin escarpé qui descend la montagne, mais je ne l’ai pas trouvé. J’ai décidé de m’engager sur un sentier d’entretien technique qui longe une grosse canalisation. Je savais que c’était une connerie, que j’aurais jamais le courage de remonter, mais je me suis lancé quand même. Finalement, le sentier a très vite disparu, et à un moment, la canalisation plonge dans le vide, avec une inclinaison trop dangereuse à suivre. Je me retrouve donc sur le flanc d’une montagne un peu boisée, avec du rocher abrupt (et mortel en cas de chute) par ci par là. Je vois la route en contrebas, d’autant plus proche que la pente est raide. J’ai pas mal tâtonné de diagonales en diagonales. Je me sentais légèrement dans la merde, mais ça allait. Là où l’histoire est un peu mignonne (et mystique, si on veut), c’est qu’à un moment, alors que j’étais un peu inquiet et que je cherchais le meilleur chemin, une biche est apparue de nulle part, comme une étoile filante. Je n’ai eu qu’à suivre tranquillement ses traces, son petit itinéraire personnel, pour progresser relativement facilement, avec l’assurance de ne pas rencontrer d’un coup du vide. J’ai fini par retrouver le sentier que j’avais manqué au départ, merci la biche.


(en jaune le chemin que j'ai suivi le long de la canalisation, puis l'endroit où je me suis retrouvé ; l'image ne rend pas justice à la pente)

J’ai beaucoup aimé l’ensemble du parcours de la via ferrata d’Ailefroide, surtout en cette période d’intense chaleur. Cette eau trouble (que j’ai bu malgré tout) aux reflets gris-bleu est magnifique. Même si j’ai plusieurs fois rencontré des locaux qui s’en plaignaient, les mouches n’étaient quasiment plus présentes à cette altitude (quand on a été escorté par une centaine de mouches, à 5 ou 6, on se sent bien seul).

A St Antoine je suis tombé sur un Proxi 7/7j qui vendait tout ce dont j’avais besoin. Tous les villages de cette vallée sont habités par de vrais gens, c’est pas juste des coquilles vides qui attendent l’hiver pour exister. Je me suis gavé de nourriture, j’ai brossé mes dents, j’ai fait plouf dans la rivière, et je suis reparti au summum de mon bonheur. De St Antoine à Puy St Vincent, le chemin ne cessera pas d’être particulièrement joli. La montée jusque Puy St Vincent se fait par Le sentier des lutins (ou du facteur), qui est un chemin de forêt assez pentu. Il est parsemé de sculptures, avec des lutins et des fées qui jouent de la musique ou votent les lois de « la forêt enchantée ». Même si je suis surtout là dans un esprit sportif, ça fait quand même plaisir de croiser ces petits trucs.


(lessive et baignade entre St Antoine et Vallouise)

J’ai débarqué à 19h à l’hôtel de l’Aiglière. Malheureusement, il était complet (blindé d’allemands, je crois), mais les propriétaires ont eu la gentillesse de me proposer le jardin de l’hôtel pour y planter ma tente, gratuitement.

J’ai fait la via du Sentier de la Combe à grande vitesse, pour ne pas arriver trop tard au restaurant de l’hôtel. C’était pas déplaisant, à mi-chemin entre l’acrobranche, la randonnée et la via ferrata. Comme je ne m’attendais pas à y trouver des sensations fortes, j’ai pas été déçu.

Je me suis fait un repas de roi au restaurant de l’hôtel, que je recommande chaudement.

Jour 6 : Le Tournoux et Les Vigneaux (facile)

La première partie de la journée a été consacrée à la montée qui mène du sentier de la Combe à la via du Tournoux. Une fois arrivé sur place, l’endroit est splendide, et aussi frais que me l’avait promis un vététiste rencontré en chemin. Je ne sais pas trop pourquoi, mais ça a été une de mes préférées. Ce gros caillou m’a doublement plu, à l’ascension comme à la descente. Il faut dire que la vue au sommet est particulièrement belle, et que le fait de descendre en via ferrata est un gros plus. Le 20/06, la via était officiellement fermée pour révision, mais le parcours m’a semblé sans problème apparent.

J’ai ensuite entamé une descente de quelques heures vers Les Vigneaux, en pensant au grand verre de coca que j’allais me faire (une fois de plus, je n’avais plus d’eau ; il faut dire que je sue comme un porc et que je bois beaucoup). Encore une fois, un très beau sentier forestier, où l’on passe à côté des ruines émouvantes d’un vieux moulin du 18ème. Durant tout mon voyage, j’ai croisé très très peu de monde, que ce soit sur les chemins ou sur les via, et c’était très appréciable. Là, typiquement, en 3 heures de marche, plus de cervidés que de bipèdes !

Au moment où j’ai fait la variante facile des Vigneaux (un village riche en fontaines) j’étais devenu très à l’aise sur les via ferrata ; c’est-à-dire qu’avant j’avais un petit soulagement en terminant une via, alors qu’à présent c’était l’inverse. J’ai trouvé la variante facile plus difficile que la difficile… Elle est peut-être moins physique, mais elle m’a mis dans des situations plus inconfortables, où l’usage de la ligne de vie m’a paru inévitable. J’ai effectué cette première descente de retour en empruntant les petits chemins qui coupent à travers le sillon du chemin principal.


(sur la via des Vigneaux, bien heureux)

Il était 19 heures, donc j’ai réservé la variante plus sportive pour le lendemain. Je voulais passer une nuit pépère dans du dur, donc j’ai entrepris la recherche d’un gite. L’un d’eux m’a demandé presque 60 balles sans repas. On m’a expliqué qu’on ne pouvait pas me nourrir (soit), et que si je voulais manger ma propre nourriture, il fallait que j’aille me trouver un banc dans le village. Elle voulait pas me voir manger dans son gite… Je me suis évidemment cassé sans regret du gite des Carlines, pour atterrir finalement au gite Montbrison : une maison pour moi tout seul, avec une cuisine, 3 toilettes, 3 douches, 3 lavabos – le paradis pour 23 euros. Au lieu de m’envoyer manger sur le bord de la route avec les rats, on m’a proposé une belle table dans le jardin.

Jour 7 : Les Vigneaux (sportive) et les Gorges de la Durance


J’ai fait tranquillement l’autre version de la via des Vigneaux le lendemain. Cette fois-ci, pour la descente, j’ai emprunté le chemin escarpé qui n’apparait pas sur toutes les cartes. Il se trouve sur la gauche, à l’endroit où il y a une sorte d’esplanade. Certes, quelques troncs d’arbres sont en travers du chemin, mais il m’a semblé parfaitement praticable et sans danger particulier. A certains moments, il y a un câble pour se tenir, et même un barreau de via ferrata. Ça devait être le chemin de retour initial de la via, avant qu’il ne soit délaissé (sans bonne raison, à mon avis).

La via ferrata des Gorges de la Durance, normalement payante (car privée) était fermée, donc c’était le moment idéal pour la faire. J’ai enchaîné la verte puis la rouge, sur laquelle j’ai rencontré deux filles qui n’avaient pas non plus tenu compte du panneau d’interdiction. En voulant faire la noire, je me suis retrouvé au point de départ, donc j’ai refait la verte, puis la noire. Un déluge était annoncé pour 18 heures, et l’heure fatidique approchait. Il a effectivement plu un peu, mais rien de diluvien. J’ai pas boudé mon plaisir sur la noire, j’imaginais pas qu’elle serait si longue. A un moment, au milieu de la cheminée, il y a une faille dans la roche d’où sortent une fraîcheur et une puissante odeur de cathédrale (ou de bonne cave champenoise). J’ai sniffé la roche pendant dix bonnes minutes à cet endroit, la tête dans la faille. Rien que pour renifler le calcaire, j’ai envie d’y retourner.

J’a finalement atterri à L’Argentière la Bessée, où j’ai été accueilli triomphalement au son de la fanfare du village (on était le 21 juin). J’avais pas spécialement envie de retourner dans la tente, donc j’ai pris une chambre d’hôtel. La pluie était annoncée pour le lendemain, ce qui compromettait un peu mon plan de faire la via de Freissinières.

Jour 8 : L’horloge et la schappe


Le matin, effectivement, il pleuvait, la journée s’annonçait bien humide. J’ai profité d’une éclaircie pour faire la petite via de l’Horloge, avant de prendre le bus pour Briançon, abandonnant mon projet de faire Freissinières.

A Briançon, avant de prendre le bus pour Grenoble, je suis retourné au Parc de la Schappe, où j’ai enfin pu dépenser 3 euros pour faire la via de la Schappe. J’en attendais rien, mais j’ai quand même été déçu : elle est ultra courte, environ dix minutes. M’enfin, c’était pour la complétude.


Je marche assez vite et j’ai pas tellement lambiné, donc il se peut qu’en y allant plus tranquillement, le tout prenne un peu plus de temps. Même si je suis un peu déçu de ne pas avoir fait la via de Freissinières, j’ai beaucoup aimé ce petit tour des via du briançonnais. Les via ferrata donnent du sens à la randonnée, qui sans elles me paraitrait un peu vaine. Je projette déjà de retourner dans les Alpes cet été pour un tour un peu plus ambitieux de 260kms et 16 000m de dénivelé positif autour du Parc de la Vanoise, qui débutera à Modane et passera par Val d’Isère, Tignes, La Plagne, Courchevel, etc. Cette fois-ci, j’oublierais pas ma brosse à dent !


4 Réponse(s)

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Un Inconnu smile Posté le 28-06-2022 à 21:02     Sujet: Re: Tour randonnée/via ferrata/bivouac : le briançonnais
Enfin un truc intéressant, c'est juste super bien, long mais il faut bien ça. Bravo et merci.
Erick smile Posté le 29-06-2022 à 06:56     Sujet: Re: Tour randonnée/via ferrata/bivouac : le briançonnais
Tout à fait l'inconnu,dès que j'ai un moment et à tête reposée, je lis ce récit, merci à lui d'avoir pris le temps de nous raconter son périple...
Chi lo sa smile Posté le 29-06-2022 à 07:57     Sujet: Re: Re: Tour randonnée/via ferrata/bivouac : le briançonnais
Diantre, de vraies descriptions/impressions de voyage, énoncées avec de vraies phrases, sujet, verbe, complément, du vocabulaire, de l'humour, du rythme, du placement de produit (si si cherchez bien, ça fait des bulles et ça contient un max de sucres) .....Contrairement y're welcome.
Erick smile Posté le 29-06-2022 à 12:16     Sujet: Re: Tour randonnée/via ferrata/bivouac : le briançonnais
Et bien je l'ai lu,super intéressant, vivant ,avec un personnage central(la brosse à dents),j'ai d'autant plus aimé que j'ai fait pratiquement toutes ces via l'année dernière lors de mon séjour à Briançon. J'ai beaucoup aimé les gorges dAilefroide et de la Durance. Voilà merci encore Contrairement de ce récit et n'hésite pas à nous faire vivre de nouvelles aventures....moi je suis preneur...

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